Interview de Véronique Marinho , créatrice de MARINHO Paris

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Le vernis semi-permanent de toutes les fashionistas est arrivé en France en 2012, et c’est « Marinho Paris ». Fondée par Véronique Marinho, cette marque a fait du respect des ongles sa profession de foi. Retour sur l’aventure de cette ancienne styliste reconvertie dans la manucure semi-permanente.

Comment cette aventure a t-elle commencé? 

L’idée m’est venue lors de mes voyages à l’étranger, en particulier en Asie. J’avais déjà remarqué l’engouement pour cette manucure un peu particulière. Mes ongles sont fragiles, la manucure habituelle était un peu agressive. J’ai donc voulu pallier cela: garder le côté pratique, tout en créant quelque chose de fun, nomade, ludique et respectueux de l’ongle. Grâce à une rencontre j’ai pu lancer mon projet.

J’ai ensuite mis au point très rapidement mon concept. 6 mois plus tard, son lancement avait lieu au salon Première Classe. Je voulais que ce soit plus un accessoire de mode, que de la cosmétique pure. Mon ami Robert Clergerie m’a placée dans l’espace Créateurs, en face du défilé. Un quart d’heure après l’ouverture du Salon, j’ai vu arriver sur mon comptoir la bien connue jolie carte de visite orange du Bon Marché. Ce magasin a voulu une exclusivité totale. C’était exactement ce que je cherchais. Le Bon Marché m’a servi d’équipe commerciale. Les demandes professionnelles sont arrivées assez vite. J’ai dû réinvestir dans des conditionnements professionnels, et élargir la gamme.

Vos vernis ont la particularité d’être complètement vegan, pouvez-vous nous en dire plus? 

En principe, les pigments sont d’origine végétale. Le seul composant animal utilisé dans les vernis à ongles ce sont les cochenilles. Elles sont utilisées dans tous les vernis à base de rouge, orange, rouge-orangé et violet. Quand je dis que ma gamme est vegan, cela implique qu’aucun n’utilise des cochenilles. Peu de marques sont 100% vegan. La plupart utilise cette appellation sur les vernis bleus, mais pas les rouges, et cela induit une confusion pour le consommateur.

Vous venez du secteur de la mode, qu’avez-vous repris de cette expérience pour vos vernis?

Ce que j’ai repris vient avant tout de ma nature: la totale liberté. Il y a milieu de la mode et milieu de la mode! Quand vous travaillez pour Chanel ou Jean Paul Gauthier, vous ne vous demandez jamais ce qui se fera, puisque ce que vous allez faire sera ce que tout le monde voudra. Il faut regarder ce qui se passe, la manière de vivre, quels sont les besoins… Être ouvert et attentif! Comme je le dis tout le temps, quand je pars faire des courses, cela prend des heures. Même au rayon yaourt, je regarde le marketing du yaourt. Mon cerveau fonctionne comme cela. Je ne me pose pas la question, les choses m’interpellent.

Miss M incarne votre marque, quelle est son essence? 

D’une part, je la voulais très féminine, donc tant pis pour les féministes. Je suis moi-même très libre, et je n’ai jamais eu besoin de participer à des groupements pour défendre ma position. Je la voulais aussi comme l’ image d’une création impertinente, libre, voyageuse. Miss M peut être agaçante, mais c’est aussi ce qui la rend craquante. Mademoiselle Caroline, l’illustratrice, l’a très bien représentée. Je lui fais un brief oral, et elle crée le positionnement idéal. Nous n’avons que deux mots à nous dire.

Quels sont vos produits-phares? 

La base de nos vernis, fabriquée à base de silicium, est incroyable. Elle représente une vraie barrière de protection pour l’ongle, mais possède aussi une qualité réparatrice. Elle est très intéressante pour toutes les personnes qui ont eu des fragilités dues aux manucures à répétition, ou également causées par des traitements cancéreux. Nous avons toute une clientèle de socio-esthéticiennes qui travaillent avec ce produit. Il existe des gammes de vernis normales à base de silicium dans les para-pharmacies, mais nous sommes les seules sur le marché du semi-permanent.

Comment voyez-vous le futur de votre marque?

Je le vois très joyeux. La société se développe en douceur. Le carnet à idées est assez important. Je suis habituée à concevoir des collections, alors je peux vous dire que ce n’est pas en faisant 3 coloris de plus par saison que j’arrive à satisfaire ma créativité. Il faudrait que cela passe au cap supérieur. J’ai de fortes demandes de pays comme la Suisse. J’ai pris la ferme décision d’essayer de me faire accompagner financièrement pour développer en qualité la marque comme je l’entends. Je ne suis pas une personne satisfaite de ce qu’elle fait. Je ne vois que ce que je n’ai pas encore réalisé. Il faut donc que je trouve des solutions. Ce qui est généré, c’est une histoire qui dépasse le produit. Il existe comme un sentiment d’appartenance à une faune, une façon de vivre, à des mouvements qui se développent à l’heure actuelle, et qui n’ont rien à voir avec une marchande de bouteilles de vernis à ongle. C’est fou, c’est le monde à l’envers. Je n’arrive pas à répondre aux attentes et aux demandes prestigieuses que l’on m’adresse. J’espère séduire des maisons qui ont la même éthique que moi, et m’aideront à développer « Marinho Paris » comme je le souhaite.

Interview d’ Albane Cousin