La cosmétique, non la cosméceutique! Et pourquoi pas la commatique, la cosmétologie, la cosméceutologie? Une ribambelle de mots pour apprivoiser les soins dédiés à la beauté.
Au Moyen âge pas de Cosmétique, mais de la » Commatique », c’est à la fois un adjectif et un nom comme aujourd’hui la cosmétique et les soins cosmétiques. Puis vient la Renaissance, et le retour à l’étymologie pure et dure. Place à la racine grecque, exit la Commatique, arrive la « Cosmétique », décalquée du grec ancien « cosmos » qui désigne ce qui concerne l’ornement. Le Cosmétique est donc » ce qui est apte à orner, ce qui est propre au soin de la parure ». Et la Cosmétique est l’art de la parure.
Dès lors ce mot qui n’a été relevé qu’une fois chez les médecins médiévaux, connaît une spécialisation et désigne tout ce qui » entretient la beauté, embellit la peau et les cheveux ». La cosmétique fut d’abord en réalité le cosmétique, un masculin. C’est un produit qui désignera encore au XIX ème une pommade qui fixe les cheveux et les moustaches. Au XVIII ème apparaît La cosmétique, elle figure dans l’Encyclopédie, édition de 1754, et désigne la partie de l’hygiène traitant de l’usage des cosmétiques. Dans cet usage le mot est concurrencé au XIX ème par le composé scientifique « cosmétologie » (1845), dont on a tiré dans les années 1970 le nom « cosmétologue »: le scientifique es » produit de beauté » . La ou le cosmétique a aussi engendré d’autres mots savoureux disparus depuis comme le verbe « cosmétiquer » (1876), qui signifiait enduire de cosmétique. En 1950 naquirent le « cosméticien » et la « cosméticienne » qui, après avoir détrôné les esthéticiens et les esthètiiciennes, apparus quasiment un siècle auparavant chez Flaubert en1868 par imitation de l’anglais, furent à leur tour évincés dans les années 70 par le cosmétologue, toujours un spécialiste dans la science de la beauté. Et depuis, au Royaume de la Beauté, les cosmétologues règnent sur les agents de la beauté: les esthéticiens et les esthéticiennes, alors que point à l’horizon une nouvelle branche de pointe » la cosméceutique ».
Mais l’histoire de la cosmétique ne s’arrête pas à ce chassé-croisé de mots.
Avec le développement de la société de consommation des années cinquante s’est aussi développée la protection du consommateur et ce domaine n’a pas été laissé aux seuls bons soins des errances étymologiques, et des fantaisies des maîtres en pommades. Dès 1976 une directive européenne, la » directive cosmétique » 76/768/CEE a encadré cette industrie de la beauté, établissant une uniformisation des législations en vigueur dans les différents Etats membres.
Avec ce nouveau règlement “cosmétique”, l’Europe a un régime internationalement reconnu qui renforce la sécurité des produits en prenant en considération les derniers développements technologiques, comme le régime strict d’élimination progressive d’élimination progressive des tests sur les animaux ou la possible utilisation des nano-matériaux . Alors au XXI ème siècle un produit cosmétique finalement est d’abord décrit en négatif: ce n’est ni une spécialité pharmaceutique ni un médicament. C’est » une substance ou préparation destinée à être mise en contact avec les diverses parties superficielles du corps humain ou avec les dents et les muqueuses buccales en vue de les nettoyer, parfumer, d’en bonifier l’aspect et/ou de corriger les odeurs corporelles et/ou de les protéger ou de les maintenir en bon état ».
De l’esprit de la loi à la lettre et au réel, tout un monde!
Marie Combe